Sur une montre-poignet, le chronographe est un instrument qui évite de surveiller constamment l’heure lorsque l’on souhaite mesurer de courts laps de temps. À une époque où les temps se relevaient encore manuellement lors de compétitions sportives, le chronographe avait une utilité pratique évidente.
De nos jours, il s’agit en premier lieu d’un gadget luxueux pour hommes avec lequel on peut par exemple surveiller la cuisson de son steak. Les horlogers et les constructeurs dépensent toutefois énormément de temps et d’argent pour ces petits objets.
La mesure du temps qui s’écoule
Avec l’invention de l’horlogerie, l’homme a pu réaliser le souhait de décomposer la durée d’une journée en segments égaux. Il essaya ensuite, au cours du XIXe siècle, de mesurer et même d’afficher de courts laps de temps indépendamment de l’indication de l’heure.
Il est naturellement possible de mesurer la durée du trajet entre un point A et un point B en regardant constamment sa montre, ce qui n’est toutefois ni très confortable, ni sans danger.
Quel bonheur donc que des horlogers ingénieux aient inventé un instrument aussi pratique que le chronographe qui permet de mesurer de courts intervalles de temps en appuyant sur un bouton sans requérir plus d’attention !
Un scribe du temps sans instrument d’écriture : le chronographe
Le mot chronographe a pour racines les mots grecs « chronos » (le temps) et « graphè » (j’écris). On objecte à juste titre aujourd’hui que le terme chronographe n’est plus adapté pour les montres bracelets modernes avec chronomètre intégré car il ne décrit ni ne désigne effectivement rien de ce qui se passe dans ces montres. Malgré tout, ce n’est pas le seul terme de notre langue à être éculé. On pourrait citer également les garde-boues des voitures qui ne remplissent plus vraiment leur fonction d’origine. Le premier chronographe, cependant, écrivait réellement le temps. En effet, l’horloger français Rieussec développa vers 1820 un instrument qui, lorsqu’un mécanisme était actionné, écrivait sur le cadran à l’aide d’un crayon fixé sur l’aiguille.
Et le chronomètre était né
En 1831, l’horloger autrichien Joseph Thaddäus Winnerl, ancien collaborateur d’Abraham Louis Breguet, horloger de génie décédé en 1823, présenta une montre dont on pouvait faire arrêter et repartir la trotteuse aussi souvent qu’on le souhaitait sans porter préjudice à la bonne marche du mouvement. L’un des inconvénients majeurs du système de Winnerl résidait dans le retour particulièrement long de l’aiguille des secondes à sa position de départ après chaque mesure.
Le perfectionnement du système
Ce problème fut résolu en 1862 par Adolphe Nicole, originaire de la Vallée de Joux en Suisse romande, qui développa les premiers chronographes dont l’aiguille pouvait être ramenée d’un seul coup à zéro. Adolphe Nicole utilisa à cet effet une petite came en forme de cœur fixée sur l’axe de la trotteuse. Lors de la remise à zéro de l’aiguille du chronographe, un marteau actionné par un ressort tombait brusquement sur cette came, qui n’a pratiquement pas été modifiée depuis et que les horlogers appellent, en raison de sa forme caractéristique, le « cœur ». Lorsque le marteau tombe avec violence sur le cœur, ce dernier tourne instantanément jusqu’à ce que ses contours appuient sur le marteau.